samedi 17 mai 2014

L'expérience combattante pendant la 1ère guerre mondiale.


En 1914, tout laisse penser qu'un conflit est inévitable  : les rivalités territoriales en Europe, et hors d'Europe, coloniales. La France souhaite notamment reprendre l'Alsace-Lorraine perdue en 1871. L'Allemagne elle cherche à obtenir des possessions coloniales.  Les puissances européennes se sont regroupées autour d' alliances militaires. On ne parle plus que de l'accumulation d'armes dans les deux camps allemand comme français . Mais toutes espèrent une guerre courte. Ils feront finalement l'expérience d'une guerre à  l'échelle mondiale.


En quoi l'expérience de la première guerre va-t-elle constituer une expérience traumatisante  par l'utilisation massive d'armes nouvelles ?
Dans un premier temps nous verrons qu'en 1914 cette guerre  sera une expérience nouvelle sur le plan stratégique et compte-tenu des innovations en matière d'artillerie, qu'entre 1917 et 1919 les hommes feront l'expérience d'une nouveau type de guerre, la guerre d'usure, enfin nous verrons les différentes formes de rejet de la guerre qui marquent les années 1916 et surtout 1917. 
Les lieux de mémoire permettent aujourd'hui de se souvenir de ces expériences douloureuses et traumatisantes que les soldats ont chèrement payé.

I. 1914

a) Pour les français  : Faire l'expérience de la Bérézina (désorganisation). 

(Un plan obsolète, une armée qui fonctionne  avec des schémas anciens, les taxis de la Marne).

Les Français avaient un plan complexe, qui fonctionnait avec des schémas anciens, le plan XVII (Général Joffre) . Les allemands disposaient d'un plan simple, le plan Schlieffen dont la stratégie repose sur l'effet de surprise et sur le passage par le nord et supposait le viol de la neutralité belge. Il est d'ailleurs assez surprenant que ce plan ait pu "surprendre" car il était connu des services secrets français qui l'avaient acheté par les services d'espionnage..



b) Pour les allemands  : Faire l'expérience d'une invasion bloquée sur La Marne.

  L'enlisement dans les tranchées à quelques kilomètres de Paris du 5 au 11 septembre 1914. 

L'expérience des "Taxis de la Marne" est un épisode qui a marqué les français. Les troupes françaises sont acheminées sur le front de la Marne pour arrêter l'avance allemande. L'acheminement des troupes s'improvise grâce aux taxis parisiens (Renault). 

Progressivement le front se stabilise.Les armées creusent des tranchées, et la guerre en 1915 prend la forme d'une guerres des tranchées appelée aussi "guerre d'usure". 


II. 1915-1917

a) Faire l'expérience de la vie dans les tranchées


La tranchée est le lieu de vie du poilu (le combattant) ;
Fais la description des tranchées à partir des documents suivants.

Vue aérienne du front

Tranchée. 
La tranchée est une arme défensive. Elle permet aux soldats de se protéger contre les tirs ennemis, mais la tranchée n'est d'aucun secours en cas de tir d'obus. les conditions de vie dans les tranchées sont épouvantables. En hiver les soldats son exposés au froid. Durant toute l'année, les pluies transforment les tranchées en boue collante. Durant les attaques le bruit est permament. L'hygiène laisse parfois à désirer, les poux dans les têtes, des odeurs d'excréments, d'urine font partie de leur quotidien. les rats de cadavre gros comme des chats s'attaquent aux rations; Les repas servis sont souvent froids; les soldats voient mourir leurs camarades, souffrir.
Les permissions sont rares, aussi les soldats souffrent souvent de la séparation d'avec leurs familles, les marraines de guerre écrivent aux soldats seuls pour leur apporter une aide morale.


Précision : Le soldat français
Pour information :  description du soldat français


1. L’uniforme bleu-horizon : la nouvelle tenue réglementaire du fantassin ne se généralise qu’en 1915. 

2. Le fusil Lebel (modèle 1896-calibre de 8 millimètres) : le fusil évolue peu entre 1914 et la fin de la guerre,à l’exception du nouveau modèle qui équipe l’armée française à partir de 1916 disposant d’un chargeur et susceptible d’atteindre une cadence de tir de vingt coups à la minute. 

3. Le casque Adrian : du nom du sous-intendant qui l’a créé. Le casque en tôle d’acier de couleur bleutée est distribué à partir de septembre 1915 aux fantassins français. 

b) Faire l'expérience d'une guerre industrielle (avec un armement perfectionné, moderne, terriblement destructrice)

La guerre industrielle provoque un véritable massacre. Les projectiles sont nombreux.
Les grenades, la dynamite, les obus sont à compter en milliards. le fusil Lebel (France), et le fusil Gewer 98 (allemand),  la mitrailleuse (invention allemande), le lance-flamme (invention allemande), les gaz (ypérite appelé aussi gaz moutarde) sont les armes les plus souvent utilisées. On voit aussi l'invention du char d'assaut Renault notamment.
Les soldats font l'expérience de blessures et l'expérience de la mort de leurs camarades de combat : par balles,  explosés à cause des tirs d'obus, ils peuvent encore être brûlés, gazés (la peau et les poumons peuvent être atteints).

Il faut aussi savoir que ces armes contiennent pour certaines beaucoup de mercure et qu'elles ont durablement contaminé les terres et parfois mers aux métaux lourds, occasionnant des intoxications.
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c) Faire l'expérience des offensives suicidaires

Les soldats font sur le front l'expérience de combats sanglants et font l'expérience de la violence inouie liée à l'industrialisation des combats. On parle de brutalisation pour désigner une forme d'ensauvagement lié au contexte de guerre, le soldat devient une brute, il est violent, peut commettre des actes qu'il n'auraient jamais commis en dehors de ce contexte.

Exemple d'offensive suicidaire :
La Bataille de Craonne  (Chemin des Dames) seconde bataille de l'Aisne  ou « offensive Nivelle », commence le 16 avril 1917 à 6 heures du matin par la tentative française de rupture du front allemand, sous les ordres du général Nivelle, 30 000 hommes meurent en 10 jours. 100 000 sont blessés.

Si l'on répartit le nombre de morts, cela fait une moyenne de 6000 par jour durant ce conflit. C'est pour cette raison que l'on a parlé des soldats comme de la "chair à canons".

III. 1917-1918 

a) Faire l'expérience du pacifisme

Face à l'horreur des combats et à la longueur du conflit,  il est de plus en plus fréquent de remettre en question la guerre.

-  Refuser d'aller au combat : l'insubordination.
- Phénomène des « fusillés pour l'exemple ». Officiellement 2400 condamnés à mort dont 600 « pour l'exemple » ; mais ce chiffre est sous-estimé. D'autres sont condamnés aux travaux forcés.

Se mutiler pour échapper aux combats : les mutilations volontaires.les mutilations volontaires ont lieu pour échapper au front et pour se reposer à l'arrière du front, c'est l'expression d'un espoir de retrouver leurs familles pour les soldats ou d'échapper à l'horreur des combats.
Attention tous les condamnés ne sont pas nécessairement coupables. Certains condamnés ont été réhabilités car leur condamnation relevaient d'une erreur; Les médecins de l'armée ne faisant pas l'examen toujours de manière sérieuse.

Se mutiner (Remettre en question sa hiérarchie) : les mutineries se généralisent à partir de 1917. Elles sont le plus souvent des refus collectifs de plusieurs régiments de monter en ligne. Le phénmène est massif en 1917 à cause de la lassitude des soldats. Près de 2/3 des régiments sont concernés par le phénomène.

b) En Russie :  Vivre l'expérience révolutionnaire : 1917-1918

Sur le front russe les bolcheviques mènent une campagne pacifiste, avec pour programme la terre aux paysans, l'usine aux ouvrier et l'arrêt de la guerre ! La guerre civile aboutit à une première révolution en Février où le tsar Nicolas II doit abdiquer et est remplacé par un gouvernement provisoire.. La seconde révolution dite "d'octobre" dans la même année et correspond à l'arrivée au pouvoir des bolcheviques (Lénine, Trotsky). Le Traité de Brest Litovsk est signé le 3 mars 1918 et signe la paix à l'est. les combats cessent alors sur le front est.

c) Faire l'expérience de la blessure,  du handicap

Les blessés sont nombreux, il y a en effet environ 20 millions ! 
Les blessés graves de la face sont appelés les "gueules cassées". Il s'agit d'une expression qui vient du colonel Yves Picot, qui a été blessé à la face et au un oeil crevé. Il fonde l'Association des gueules cassées. Il est aussi l'inventeur de l'actuel loto français ! 
Yves Picot

Prothèse.
-
Mutilé de la face ("gueule cassée") ayant subi différentes opérations

d) Faire l'expérience des traumatismes

L'obusite ou  Shell-Shock (« choc de l'obus »), est un terme  qui fait référence aux troubles psychiques et physiques observés chez certains soldats de la Première Guerre mondiale (stress post-traumatique).
Sigmund FREUD fait à l'époque des recherches sur ce qu'il appelle ces "psychoses de guerre".

L'alcoolisme se développe suite à ces chocs.
Le pacifisme est désormais répandu. "Plus jamais ça"
La remise en question de la religion.
Les moeurs se libèrent,  la prostitution se développe après-guerre.

e) Faire l'expérience d'une pandémie : la grippe espagnole.

La Grippe espagnole en France fait 200 000 morts. Il s'agit de la plus importante pandémie de toute l'histoire, car elle a frappé brutalement. Elle augmente encore davantage le taux de mortalité.

f) Pour les colonisés : l'expérience de la fragilité du colonisateur

La toute puissance européenne est remise en question.
L'empire colonial avait  été mobilisé  pendant le conflit. (Plus de 500 000 membre de l'Empire)
180 000 tirailleurs de l'AOF, 150 000 algériens, 14 000 marocains, 36 000 tunisiens, 30 000 indochinois, 41 000 malgaches).
Ces colonisés ont pu communiquer pendant leur mobilisation. Ont échangé de points de vue.
D'où les demandes de pleine  participation à la vie politique des colonisés dans l'entre-de-guerres. Les mentalités évoluent et les colonisés n'ont plus le sentiment d'être isolés.
D'où  la naissance des premières revendications autonomistes.

V. Se souvenir de l'expérience : les lieux de mémoire de la première guerre mondiale

 Des lieux consacrés à la mémoire des soldats qui sont morts dans la cadre de la 1ère guerre sont nombreux : 

a) Les nécropoles : 

Des nécropoles (comme la nécropole de Douaumont ou celle de Sillery)

Ossuaire de Douaumont.

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/la-necropole-nationale-et-lossuaire-de-douaumont

Des monuments historiques (Les monuments aux morts dans les communes pour honorer les victimes des combats)
Les monuments aux morts pacifistes ont été érigés, ils  honorent les fusillés « pour l'exemple » de la guerre 1914-1018).





b) Les musées La mémoire de la guerre (armement, uniformes, témoignages) 


Ex. Musée de la Grande Guerre à Meaux
Ex. Le Le Hartmannswillerkopf à Wattwiller en Alsace.

Ossuaire de Douaumont


Nécropole nationale de Sillery. (Environs de Reims).

Monument aux morts, Lorrain, Martinique.


 Expérience traumatisante qui a permis de mettre en valeur les profiteurs de guerre (industriels de l'armement des USA, de France et d'Allemagne)   et les victimes (les blessés, handicapés). On peut montrer que les intérêts des uns et des autres ne sont définitivement pas les mêmes. Ex. Smedley Butler, officier des Marines qui a dénoncé les profits générés par cette guerre. Une paix mal négociée est génératrice de conflits futurs.

c) Divers

- Associations d'anciens combattants, Association Le Souvenir.
- Tombe du soldat inconnu



Conclusion : 1919 L'expérience d'une paix mal négociée

 qui entraînera une seconde guerre mondiale vingt ans plus tard. 

"Diktat de Versailles" (Traité de Versailles du 28 juin 1919)
Une guerre aussi traumatisante a marqué les esprits et oblige à un devoir de mémoire ; De hauts lieux de mémoire permettent d'entretenir le souvenir, d'autant que les derniers anciens combattants disparaissent et ne pourront plus témoigner bientôt. En 1919, La Société des Nations appelée aussi Pacte des Nations est crée dans le but d'oeuvrer pour la paix dans le monde. Elle était un projet inclus à l'origine dans les 14 points du Président des USA  Wilson (janvier 1918).



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